22/06/2015

La violoncelliste nue

La première pose est un peu timide, comme ça l'est souvent au début d'une session. La violoncelliste met de la musique, une première pour moi depuis le début de ce nouveau "projet" de dessiner des personnes nues qui n'ont pas d'expérience dite professionnelle en matière de modèle. Je dessine donc dans une musique vaporeuse, électronique et féminine.

Pendant la deuxième pose, le chat, qui a un nom adorable et très original mais que je ne nommerai pas pour sauvegarder l'intimité de la violoncelliste, vient tenir compagnie à sa maitresse. Pendant tout ce moment, elle observe son chat avec ses yeux bleus pétillants sans bouger. Je ne sais pas à quoi elle pense silencieusement mais je m'imagine qu'elle est tombée en transe devant les moustaches frémissantes du chat dont je ne dois pas nommer le nom. Peut-être même que ces deux félins s'affrontent amoureusement, qui sait? Je trouve à ma violoncelliste des airs de Cléopâtre. Cette pose met ses formes en valeur. Elle est très belle, installée comme une odalisque.

Pour varier un peu la violoncelliste prend une pose "comme si elle se levait du lit". Je reprends la pose deux fois, la première tentative étant frustrante: je lui avais fait des jambes trop petites et un torse énorme. Je lui demande alors si elle a déjà souffert d'une peine d'amitié (la question). Moi-même je nage en pleine tristesse. Je commence à vouloir en parler autour de moi, je sonde la normalité de ma tristesse, et je réalise que oui, c'est bel et bien répandu. La violoncelliste me raconte alors son histoire.

Il fallait bien poser avec le-dit objet au moins une fois dans la séance. Après plusieurs  essais, nous optons pour quelque chose de "simple et classique". Nous parlons des raisons pour lesquelles le violoncelle nous paraît être un instrument plus féminin que masculin, au contraire de la contre-basse par exemple. Lorsqu'elle voit le dessin fini, elle se trouve un air triste. Je me dis alors que c'est moi qui était triste et non elle. Et l'air des dessins est majoritairement triste, quand je prends un peu de recul c'est ce que je vois, alors qu'elle dégageait en ce jour une joie douce et légère. Nous écoutons un concert de Chili Gonzales, accompagné de cordes (un quatuor je crois, avec violoncelle), que nous aimons toutes les deux.

La violoncelliste prend cette pose en s'inquiétant d'être trop banale. Bien au contraire, je suis toute excitée et c'est peut-être mon dessin préféré. Nous riions et appelons cette pose "l'après-ébats". Je lui demande en cours de route de plier son bras droit, pour pouvoir le "rentrer dans le cadre". Je trouve le résultat très beau, et de plus, je ne lui ai pas collé d'air triste à l'envers. La vulnérabilité et la confiance sont là.

La violoncelliste est partante pour deux autres poses, son cher et tendre étant en retard pour cause de travail de dernière minute. Quand il rentrera, ils iront à un souper de fête des pères chez le beau-père de la violoncelliste. En attendant, je lui fais écouter Ruichi Sakamoto, que j'aime depuis Furyo, et auquel Chili Gonzales m'avait fait penser plus tôt. Elle semble ici plus apaisée que triste, en comparaison aux autres dessins.

Dernière pause, de dos! Nous riions du chalenge que la violoncelliste a à relever: se tenir le plus droite possible, sans se voûter. J'ai si faim que j'ai peur de tourner de l’œil. Mon but était de la dessiner seulement à la ligne et je tombe finalement dans le noir pour faire ressortir sa silhouette en contre-jour. Je sors de chez elle heureuse, le cœur plus léger. 

Ces femmes qui me font confiance en posant pour moi me donnent du courage. Séance après séance, cela me paraît de plus en plus clair. Je ne m'y attendais pas.

Je ne pense pas que ce projet de dessiner des personnes nues soit né d'une blessure, mais je crois par contre qu'il participe à en guérir.

Juste avant de poster cette série de dessins, je reçois un message de la violoncelliste qui me remercie pour cette expérience. Je ne dévoilerai pas ce qu'elle m'a écrit mais son message m'a ému.

13/06/2015

Le Cinéaste au Cinéma sous les étoiles

Mon court-métrage Le cinéaste, du projet "Libérez Jafar Panahi", produit par l'Unité centrale et ditribué par Vidéographe, sera présenté cet été à Montréal à la 6e édition du festival Cinéma sous les étoiles (produit par Funambules Médias) !

Le film sera projeté plus exactement le 7 juillet à 21h15 dans le programme courts métrages au Parc Saint-Gabriel !


"Produit par Funambules Médias, le Cinéma sous les étoiles est un festival qui présente des projections gratuites de documentaires à caractère social dans les parcs de Montréal, durant  toute la saison estivale (juillet et août). Dès la tombée du jour, en plein cœur de votre arrondissement, notre évènement permet aux citoyennes et citoyens de découvrir des œuvres de qualité, et ce, dans la convivialité. Cette année encore, nous sommes extrêmement fiers de travailler à la présentation d’une quarantaine de documentaires québécois et étrangers, souvent primés, ici comme ailleurs, qui nous l’espérons, rejoindront des publics de plus en plus nombreux. 
Produit par Funambules Médias, le Cinéma sous les étoiles est un festival qui présente des projections gratuites de documentaires à caractère social dans les parcs de Montréal, durant  toute la saison estivale (juillet et août). Dès la tombée du jour, en plein cœur de votre arrondissement, notre évènement permet aux citoyennes et citoyens de découvrir des œuvres de qualité, et ce, dans la convivialité. Cette année encore, nous sommes extrêmement fiers de travailler à la présentation d’une quarantaine de documentaires québécois et étrangers, souvent primés, ici comme ailleurs, qui nous l’espérons, rejoindront des publics de plus en plus nombreux.
( http://funambulesmedias.org/cinema-sous-les-etoiles/)